Fouilles archéologiques : que deviennent les objets trouvés ?

Visite au laboratoire TRACES (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés) de l’Université Toulouse – Jean Jaurès, où sont étudiés les éléments médiévaux trouvés à Moissac.

Depuis 4 ans déjà, Bastien Lefebvre, enseignant à l’université Jean Jaurès et chercheur au laboratoire TRACES, fouille le parking de la mairie avec ses étudiants. Le but ? Connaître un peu mieux le mode de vie citadin médiéval à Moissac et l’expansion de la ville autour de l’Abbaye. Mais il y a de nombreuses étapes à respecter avant de pouvoir restituer le travail mené tout au long de l’étude et apporter des conclusions scientifiques. Le chantier moissagais est le point de départ et le travail « post-fouilles » est long et minutieux.

Le travail de terrain

Pour comprendre les modes de vie antérieurs à notre époque, les archéologues creusent le sol et découvrent des objets, des constructions, des restes organiques et de nombreuses informations révélées par le travail de fouilles. A Moissac, beaucoup de graines ont été trouvées, des morceaux de cuir, des pièces de monnaie, des boucles de ceintures, des os, des fragments de céramiques… Les découvertes sont triées par unités stratigraphiques et rangées dans des poches, caisses etc. pour les transporter jusqu’au laboratoire de recherche.

Laver, trier, tamiser, enregistrer

Le lavage des objets est généralement effectué sur place, mais il y a tout un travail de répartition lorsque les éléments arrivent au laboratoire. Il arrive parfois que certains ne soient pas triés directement lors de la fouille ou que d’autres aient besoin d’un tri plus minutieux. Il faut donc trier et répertorier. De nombreux sacs d’os et céramiques ont ainsi été dissociés et près de 50 seaux de terre ont été tamisés à 2 puis 0,5 mm pour extraire les graines et morceaux de bois. Un travail de fourmi précis et répétitif, mais tout à fait indispensable au processus de recherche.

Stabiliser, conserver, archiver

Certains objets déterrés peuvent avoir été abîmés par le temps et se détériorer rapidement. Ça peut être le cas de certains métaux, du cuir ou du verre. Chacun doit subir un traitement qui lui est propre, pour le stabiliser afin de le conserver dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, le verre médiéval, très fragile, s’effrite. Pour le consolider, une restauratrice apporte son expertise et protège l’objet grâce à une résine acrylique adaptée. Le cuir est quant à lui bien nettoyé pour éviter toute forme de moisissure le temps qu’il sera conservé au laboratoire avant d’être lyophilisé.

Différents modes de conservation sont ensuite choisis en fonction des besoins. Les os et les céramiques peuvent être rangés à l’air libre, mais le cuir, les graines et le bois doivent être maintenus dans de l’eau et au frais dans une chambre froide. Ils attendront patiemment aux archives que des spécialistes les étudient !

Analyses spécifiques

Chaque élément découvert doit ensuite être analysé par des spécialistes. Os, bois, graines, métal, cuir ne subissent pas les mêmes traitements pour révéler leurs secrets. Les archéologues font donc appel à d’autres chercheurs, de laboratoires différents, tous experts de leur domaine. Nos petites découvertes moissagaises partent donc à Lyon, Rennes et jusqu’en Pologne pour y être étudiées.

Conclusions scientifiques

Après avoir reçu les différents résultats des études, le directeur de recherche, ici Bastien Lefebvre, rédige un rapport faisant état des conclusions de l’année. En 2018, c’est la restitution totale qui sera envoyée au Service Régional de l’Archéologie, où un collège d’expert examinera et validera la recherche menée depuis 2015 à Moissac.

Restitution

Différents publics seront intéressés par le résultat de l’étude. Côté scientifique, des publications (ouvrages, articles etc.) enrichiront la connaissance de l’époque médiévale et serviront à d’autres programmes de recherche. Pour le grand public, les résultats seront présentés à Moissac aux rendez-vous du samedi proposés par le service patrimoine. Et qui sait, une exposition pourrait peut-être prendre place dans le futur musée, expliquant le mode de vie des moissagais de l’époque médiévale !